La Toussaint, un pont entre ce monde et l’autre

“Pour les catholiques, les saints sont comme des grands frères et soeurs dans la foi et l’ouverture à Dieu.”

Comme toutes les fêtes catholiques, la Toussaint est un temps d’inclusion entre les membres de la communauté, de relation avec Dieu et de recueillement.

La Toussaint précède et est liée à la fête des morts qui se déroule le lendemain (2 novembre). Ce jour-là, on se rend sur les tombes des parents disparus afin d’y déposer un bouquet de fleurs et d’entretenir le souvenir.

La Toussaint est, comme son nom l’indique, la « fête de tous les saints ». Comme toutes les fêtes religieuses, son sens n’est pas que commémoratif, il y a un sens beaucoup plus profond.

Il faut commencer par se demander ce qu’est un saint du point de vue catholique.

Le but de tout catholique est de devenir saint. Or le cœur de la religion catholique est d’établir une relation de réciprocité avec Dieu qui est Amour par nature. Dans la perspective catholique, Dieu se donne au fidèle, Il ne cherche pas à être un maître impitoyable mais, au contraire, à établir une relation d’amitié avec chacun comme Il l’a fait avec Abraham. Ainsi s’est accompli ce que dit l’Écriture : Abraham eut confiance en Dieu et cela lui fut compté comme justice. Et il a été appelé ami de Dieu (Jacques 2, 23).

Dans la Bible, il est dit que Dieu aime tout le monde de la même manière. La différence entre le saint et celui qui ne l’est pas est donc dans la relation que le saint a avec Dieu dont il accepte pleinement l’Amour. Le saint n’est donc pas celui qui suit un ensemble de règles précises, qui est « parfait » ou sans défaut mais celui qui, comme Abraham ou le Christ, s’ouvre tellement à l’amour divin, qu’il fait confiance totalement à Dieu, qu’il participe à Son action et qu’il devient lui-même habité de Son amour.

Rappelons que pour Jésus, la vie réelle consiste à aimer le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même.

Réorienter son cœur vers Dieu

Le saint catholique accepte que Dieu est un Dieu bon et saint, il accepte la grandeur infinie de Son créateur et reconnaît que sans Lui, il n’est rien. Loin de se dénigrer, le saint se voit tel qu’il est, une créature pécheresse (qui rate sa cible), petite, fragile et toujours égoïste comparée à l’infini de Dieu. En reconnaissant cela, il cesse de mettre des barrières entre lui et Dieu, il se met au diapason de son Seigneur, il se met en état d’accepter les Grâces que Dieu lui donne gratuitement.

Devenir saint, pour le catholique, c’est donc réorienter son cœur vers Dieu (repentir) et devenir comme un miroir de la Lumière et de l’Amour divin.

Les saints, ce sont des hommes et des femmes ordinaires, qui ont dit oui à Dieu depuis l’endroit où ils se trouvaient.

Dieu seul est saint, Il est la sainteté même et seul Lui peut la donner. Et les saints, comme le disait l’apôtre Paul, ne sont que le reflet de sa gloire. Ce sont des aventuriers de l’essentiel.

Comme le dit G.K.Chesterton : « Être bon représente une aventure autrement violente et osée que de faire le tour du monde à la voile ».

On ne devient pas saint du jour au lendemain, c’est un long cheminement plein de doutes, de chutes et de remises en question. Un saint n’est pas forcément sans défaut, il est, et reste, un humain avec son caractère humain bien qu’il soit habité par Dieu !

Les pères de l’Église disaient que le saint est comme une épée jetée dans un feu (le feu divin), elle reste une épée avec sa forme particulière mais devient tout entière rouge du feu divin.

Une union entre les vivants et les morts 

Certains saints sont connus et fêtés tout au long de l’année, d’autres (la majorité) sont inconnus car la sainteté ne s’adresse pas à une élite mais à tout le monde et comme le propre du saint est de ne pas se vanter, la plupart restent inconnus.

Pour preuve, le premier saint catholique fut le bon larron. Lors de sa crucifixion, Jésus est placé entre deux criminels. L’un d’entre eux se ferme complètement à Dieu, l’autre s’ouvre.

Dès les premiers temps du christianisme, tous les fidèles sont appelés à la sainteté, aussi bien hommes que femmes, les philosophes comme les simples d’esprit, quelle que soit leur condition sociale, esclave ou aristocrate.

Pour les catholiques, les saints sont actifs dans l’au-delà, ils sont unis à Dieu et agissent par intercession pour les gens qui sont sur Terre. La communion des saints désigne donc dans le christianisme l’union de l’ensemble des fidèles vivants et morts unis, par leur appartenance au Christ, dans une sorte de solidarité à travers l’espace et le temps. Le théologien Olivier Clément dira : « Les morts sont entraînés dans l’immense fleuve de la vie de la communion des saints ».

Cette union entre les vivants et les morts crée une solidarité, un lien qui dépasse l’espace et le temps. Dans ce réseau chaque bonne action, chaque prière profite à l’ensemble.

Dans cet ordre d’idée, les catholiques et les orthodoxes se recommandent volontiers aux saints. Il ne s’agit pas pourtant de diriger sa prière vers un autre que Dieu, on ne prie que Dieu seul. Mais le saint étant tout entier immergé en Dieu, le catholique demande au saint qu’il intercède pour lui. Pour les catholiques, les saints sont donc comme des grands frères et soeurs dans la foi et l’ouverture à Dieu. Affranchis des contraintes de l’espace et du temps, ils peuvent aider, être des guides sur le chemin vers Dieu.

Dans la même perspective, le catholique croit que le lien entre les vivants et les morts est toujours présent. Par delà la mort, l’Esprit de Dieu permet à la solidarité entre les êtres de ne pas se briser. La communauté continue d’exister par-delà le mur de la mort. La mort et la résurrection du Christ ont créé un pont entre ce monde terrestre et le monde de la Gloire divine. Les prières passent d’un monde à l’autre… Pour les catholiques, Dieu favorise tellement l’inclusion et les relations qu’Il ne permet pas la mort d’avoir le dernier mot et d’y mettre fin.