“Mes yeux ont vu le Salut que tu préparais à la face des peuples”

« Mes yeux ont vu le Salut que tu préparais à la face des peuples » s’exclame Siméon : c’est le Christ que Siméon a vu et porté dans ses bras. Nous fêtons le 2 février la présentation de Jésus au Temple. Pendant tout le temps qui a suivi Noël, les évangiles nous montraient qui était ce Jésus qui est venu parmi nous ; nous sommes allés ainsi de manifestation en manifestation : au Baptême, Jésus est manifesté comme le Fils aimé du Père, à Cana comme l’Epoux de l’Eglise et celui qui donne de la saveur à notre vie, avec les mages il était manifesté comme le vrai Roi, un roi humble venu « pour servir et non pour être servi ». La Chandeleur vient clore ce temps : Jésus est manifesté comme étant le Salut. Dieu avait un plan pour sauver le monde, voilà qu’une étape décisive de ce plan est réalisée : Dieu a donné son Fils. Pour nous. Pour nous redire son Amour, sa proximité.

Alors nous pourrons méditer au long de ce mois de février sur les conséquences de cette venue. Nous le ferons avec l’évangile selon saint Matthieu, le beau discours de Jésus juste après les béatitudes. Jésus à ce moment nous explique comment mener une vie qui soit cohérente avec l’Amour que Dieu nous porte. Une vie qui soit la conséquence de ce que nous avons découvert depuis Noël. Dieu prête attention aux hommes, il nous devient possible de faire de même, de nous soucier de notre prochain. Comme dans l’Evangile, nous apprenons cette attention lorsque nous prenons le temps de regarder Dieu attentif aux hommes pour l’imiter dans cette attention, pour comprendre toujours plus combien il nous fait passer sous la Loi de l’Esprit Saint et de l’Amour (Mt 5, dimanche 16/02).

C’est d’ailleurs la logique de toute vie chrétienne : contemplant le Christ Lumière des nations (Lc 2, dimanche 02/02) nous comprenons que nous pouvons être à notre tour lumière du monde (Mt 5, dimanche 09/02). Comme à la messe lorsqu’après les lectures et l’Evangile jaillit notre prière pour le monde ; la prière universelle c’est le fruit de notre cœur touché par ce qu’il a entendu, désireux de vivre comme le Christ et désireux que le monde soit illuminé par Lui, que le monde découvre la saveur de la vie avec Dieu. Nous sommes le sel de la terre. Pour être ce sel il nous faut tenir cette double exigence de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain. Aimer Dieu et en son nom, pour lui plaire, aimer tout homme… jusqu’à nos ennemis (Mt 5, dimanche 23/02).

Ce mois de février nous conduira ainsi tout doucement jusqu’au mercredi des Cendres, porte d’entrée du Carême. Comme si les deux pôles de ce mois étaient d’une part la Lumière du monde contemplée par Siméon, de l’autre la Lumière du monde qui brûle nos péchés, lumière agissante dans nos vies. Le Christ est cette lumière qui nous révèle notre péché et nous permet -par sa grâce, parce que nous nous laissons éclairer par lui- de nous tourner vers Lui pour recevoir son Salut. Ce qui émerveille Siméon vient au cœur de nos vies nous aussi : le Christ s’offre à nous, pour nous donner sa vie, éternellement.

Père Charles-Alban Guez, vicaire