La lumière est entrée dans le monde, c’est le Christ le Sauveur, chantons-nous à Noël. Le Christ lumière du monde est venu, il est parmi nous qui nous redit que Dieu agit dans la discrétion, dans la petitesse. Cette lumière progressivement va grandir et illuminer autour d’elle, jusqu’aux confins du monde. Elle était attendue, prophétisée et espérée. Tout le temps de Noël est marqué par cette douce lumière qui est entrée dans le monde, de Noël à l’Epiphanie et jusqu’à la Présentation de Jésus au Temple (la Chandeleur). Lors de la fête de l’Epiphanie, les mages suivent une lumière. Cette étoile brillante les guide vers la tranquille flamme qui éclaire la crèche et vers une lumière plus vive encore, Celui qui met tout en lumière, le Christ. « Nous avons vu son étoile se lever à l’orient ». Ces mages païens se sont laissés conduire, et sans le savoir ils font échos aux psaumes et à l’attente d’Israël, le voici cet oriens ex alto, l’« astre d’en haut qui vient nous visiter » que chante aussi Zacharie au début de l’Evangile. Ces mages obscures et inconnus découvre le Christ, leur cœur découvre la vérité et leur joie est immense. « Ils se réjouirent d’une grande joie ». Isaïe l’avait annoncé : « les nations marcheront vers ta Lumière, Jérusalem, […] tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera », « Debout, resplendit car voici ta lumière ». « Lumière qui se révèle aux nations », s’exclame Siméon en recevant l’enfant Jésus dans les bras, « mes yeux ont vu le Salut que tu prépares ».
Pourquoi appeler le Christ « Lumière du monde » ? Qu’est-ce que cela signifie ? La lumière permet de voir et de comprendre : « mes yeux ont vu le Salut », « tu verras, tu seras radieuse ». Par la lumière nous voyons ce qui était déjà là, présent et comme en attente. On ne voit bien un beau tableau que s’il est bien éclairé. La Création toute entière, illuminée, nous révèle la grandeur du Créateur. On ne voit bien qu’avec le cœur, dit le renard au petit prince : le Christ n’est pas une lumière matérielle, pour voir de nos yeux de chair. Il est la Lumière de l’intelligence, la Sagesse. Les Pères de l’Eglise appellent Jésus « le Christ illuminateur » : il est celui qui éclaire l’intelligence, qui permet de voir réellement le monde tel qu’il est, le monde bon, blessé et sauvé. Le baptême est une « illumination » puisque les yeux de la foi s’ouvrent, nous passons d’une connaissance extérieure à l’intuition de Dieu. C’est un thème cher à saint Irénée : voir Dieu c’est la vie de l’homme. Voir, voir véritablement, donne la vie, nous fait entrer dans la vie véritable, celle de Dieu. En cela il cite saint Jean : « nous serons tel que le Seigneur, parce que nous le verrons ».
Que le Christ nous illumine tout au long de ce temps de Noël et que nos yeux voient ce qui est beau, ce qui est bon, ce qui est vivant. Puisqu’en cette période nous nous adressons habituellement des vœux de bonne année je vous souhaite de redire, avec tant de saint « je veux voir Dieu » et d’être éclairés de sa Lumière.
Père Charles-Alban G., vicaire.